Le bonheur des mots
Ce livre a été réalisé dans le cadre du concours du livre organisé par la médiathèque du Grand Narbonne.
Le choix d’un traitement en noir et blanc, de monotypes composés par gestes rythmiques, évoque une écriture par idéogrammes.
Les rubans participent au traitement graphique, mais suggèrent également l’idée du lien que permet l’écriture.
La broderie renforce l’idée de lien, et créé une dimension supplémentaire. Elle propose, comme souvent les mots, une lecture plus intime qui s’offre à celui qui prend la peine de tourner la page, de laisser faire l’évocation, de chercher le sens profond caché sous les apparences.
Livre lauréat du prix du jury
• monotypes à l’encre taille douce
• collage de rubans et broderie
• lettrage vinyle
• papier Salland Clairefontaire
• dimensions 14x 29 cm
• un exemplaire unique signé
• achevé en février 2023
• monotypes à l’encre taille douce
• collage de rubans et broderie
• lettrage vinyle
• papier Salland Clairefontaire
• dimensions 14x 29 cm
• un exemplaire unique signé
• achevé en février 2023
• collection patrimoniale de la médiathèque du Grand Narbonne
Je n'attendais plus rien quand tout est revenu, la fraîcheur des réponses, les anges du cortège, les ombres du passé, les ponts de l'avenir, surtout la joie de voir se tendre la distance.
J’aurais toujours voulu aller plus loin, plus haut et plus profond et me défaire du filet qui m'emprisonnait dans ses mailles.
Mais quoi, au bout de tous mes mouvements, le temps me ramenait toujours devant la même porte.
Sous les feuilles de la forêt, sous les gouttières de la ville, dans les mirages du désert ou dans la campagne immobile, toujours cette porte fermée – ce portrait d'homme au masque moulé sur la mort, l'impasse de toute entreprise.
C’est alors que s'est élevé le chant magique dans les méandres des allées.
Les hommes parlent.
Les hommes se sont mis à parler et le bonheur s'épanouit à l'aisselle de chaque feuille, au creux de chaque main pleine de dons et d'espérance folle.
Si ces hommes parlent d'amour, sur la face du ciel on doit apercevoir des mouvements de traits qui ressemblent à un sourire.
Les chaînes sont tombées, tout est clair, tout est blanc – les nuits lourdes sont soulevées de souffles embaumés, balayées par d'immenses vagues de lumières.
L’avenir est plus près, plus souple, plus tentant.
Et, sur le boulevard qui le lie au présent, un long, un lourd collier de cœurs ardents comme ces fruits de peur qui balisent la nuit à la cime des lampadaires.
Pierre Reverdy, Le bonheur des mots, La Liberté des mers, Maeght, 1959